Réflexion sur la liberté d'expression en France : le poids des mots face à l'image / Yael Sonia Harmelin
Attentat à Conflans-Sainte-Honorine, le Vendredi 16 Octobre 2020
Réflexion sur la liberté d'expression en France : le poids des mots face à l'image.
https://charliehebdo.fr/2020/10/politique/attentat-contre-un-enseignant-a-conflans-sainte-honorine/
La France est sous la stupeur. Au pays des Lumières, l'obscurantisme progresse. Encore une fois, un attentat horrible vient de se produire au pays de Voltaire, Rousseau et Montesquieu : un enseignant de l’Education Nationale a été assassiné par un extrémiste islamiste qui lui reprochait d'avoir montré en classe, dans le cadre de l’enseignement civique et moral, des caricatures du journal Charlie Hebdo sur le prophète Mohamed.
Tuer pour une image ? Et s'il s'agissait d'une « image imaginaire » due à une interprétation sous l'influence d'une croyance, doctrine ou idéologie ?
L'image en elle-même parle, mais ce sont les mots et le décodage qui sont importants.
L'intimidation s'installe et les enseignants craignent aujourd'hui le pire pour le seul fait de soulever un débat sur un sujet sensible et de vouloir développer l'esprit cartésien. La République semble perdre du terrain.
Or, le droit historique à la liberté d'expression est énoncé dans la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, dans l'article 11 :
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».
Et à ceux qui crient en français à l'offense par l’image, je citerai l'article 10 de cette même déclaration :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi ».
Renforcée par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, la liberté d’expression est donc un droit humain fondamental et la base de toute démocratie.
Naître ou devenir Français, c'est adopter les valeurs de la République ; s'il est vrai que l'esprit critique est un trait de caractère très français (Cogito ergo sum, Je pense, donc je suis, Descartes 1637), il n'en reste pas moins que la parole et le discours sont la continuité de la pensée. Se parler, communiquer, échanger telles doivent être les bases d'une communauté humaine.
Alors l'image aurait-elle le pouvoir de tuer les mots, pour tuer tout court ? Mais que serions-nous sans la parole humaine ?
L'esprit, la parole et l'échange nous distinguent du monde animal, gardons bien ça en tête…. L’image n’est qu’un support et elle doit être acceptée comme tel par tous.
NON à une république spoliée de sa liberté et OUI à la liberté d'expression et à l'échange interculturel, dans le respect de tous.
Rédigé par Yael Sonia Harmelin, étudiante de Master au département de culture française
