Laure-Line Yehuda

Au cours des deux premières décennies du vingtième siècle, on constate la naissance d'une nouvelle poésie juive en langue française. Il s'agit d'une poésie dynamique et véhémente qui exprime d'un côté la fidélité totale au peuple juif mais aussi côté la  croyance profonde en les valeurs républicaines, la culture et la langue françaises.

La problématique de ma recherche se situe entre la fin de l'Affaire Dreyfus et le début de la période nommée la Renaissance juive du début des années vingt. Elle concerne la production poétique juive des trois poètes André Spire, Henri Franck et Albert Cohen, considérés comme les précurseurs de cette période de renouveau identitaire. Ces poètes vivent une identité double qui découle d'une part de leur appartenance au peuple juif, et d'autre part, à la suite de l'émancipation des juifs et de l’obtention de leurs droits sociaux, de leur citoyenneté française et de leur écriture en français. Cette dualité de l'identité les amène à faire face à nombre de questions sur la signification même de leur judéité.

Bien que la contextualisation socio-historique est prise en compte, ma recherche concerne spécifiquement la façon dont les poètes choisis se battent avec la question de l’identité en utilisant le moyen de la poésie comme expression de cette problématique.