"L'Écriture de la judéité dans la littérature française : entre malaise et fascination"

MAXIME DECOUT

Maître de conférences en langue et littérature françaises à l'Université de

Lille

"L'Écriture de la judéité dans la littérature

française : entre malaise et fascination"

L’histoire de la littérature française étonne quand on la contemple en regard de

ses relations avec la judéité. De Céline à Barthes en passant par Sartre, les Juifs

dérangent, inquiètent, prescrivent les défoulements ou les refoulements les plus divers.

siècle a en effet été traversé par un double mouvement, de rejet, voire de haine, e Le XX

et de fascination, à l’égard de la judéité. De l’affaire Dreyfus à la création d’Israël en

passant par la Seconde Guerre mondiale, celle-ci a évolué entre affirmation et

dénégation identitaire. Elle a été en butte aux haines et à la contestation, mais a suscité

aussi intérêt, empathie et dialogue. Elle est parfois encore aujourd’hui tenue pour

accessoire dans la réception de certaines oeuvres alors qu’elle a aussi déterminé en

profondeur autant une esthétique qu’une éthique. C’est bien à partir d’elle que les

oeuvres les plus décisives se sont écrites, celles de Perec, Gary, Cohen, Wiesel,

Modiano, mais aussi Duras ou Blanchot. La judéité aura été pour eux une épreuve et

de réinvention de soi et de l’oeuvre. un défi, un garde-fou contre les débordements de l’Histoire, tout comme une nécessité